En tombant sur cette image qui a fait le tour des réseaux sociaux (enfin des miens tout du moins), je me suis dit que ça valait bien un article.
Vous aurez bien entendu reconnu une vue satellite de l'Islande, prise le 19 Janvier et qui montre l'île entièrement recouverte par une couverture de neige. C'est beau n'est-ce pas ? Mais vous avez sans doute remarqué ces deux taches noires qui percent le linceul blanc. La plus à l'ouest (gauche de l'image) n'est autre que le lac de Þingvallavatn, plus grand lac naturel d'Islande (84 km²). La seconde est une coulée de lave, issue de l'éruption du Bárðabunga (84.6 km²) en cours depuis le 29 Aout 2014.
Le Bárðabunga est un volcan d'Islande, second sommet du pays, il culmine à 2010 mètres d'altitude et est situé sous le Vatnajökull, principal glacier du pays, grand comme la Corse et visible sur l'image satellite (la partie renflée et lisse située au sud de la coulée de lave sur l'image satellite). Il appartient à un complexe volcanique bien plus important composé d'un réseau de failles volcaniques s'étendant sur 190 km de longueur et 28 km de largueur. C'est dans l'une de ses failles, dans la région du Holuhraun que se déroule l'éruption.
> Carte présentant en vert les coulées et téphras associés aux éruptions du système volcanique du Bárðabunga. 1 - Emplacement de la coulée actuelle. 2 - Emplacement du Bárðabunga stricto sensu. |
Historique de l'éruption
Les prémices de cette éruption ont été détectées par l'accroissement progressive de l'activité sismique sous le volcan. En 2011 déjà, le regain d’activité avait inquiété la communauté, le souvenir du Eyjafjöll étant bien présent et le Bárðabunga étant potentiellement plus dangereux. C'est finalement le Grímsvötn, situé un peu plus au sud, qui est entré en éruption, provoquant une pluie de cendres atteignant Reykjavik la capitale. A la suite de cet événement, l'activité sismique est rapidement repartie à la hausse, jusqu'au mois d'août 2014, où on a pu dénombrer (quand c'était encore possible de les distinguer les unes des autres) jusqu'à 2600 secousses par jour. A cette période, les scientifiques ne pouvaient que proposer 3 scénarios plausibles quant à la suite des événements, sans certitude. Soit la remontée d'une colonne de magma (dyke) atteignait une fissure sous le glacier, provoquant un panache de cendre (beaucoup plus important que pour le Eyjafjöll) et des Jökulhlaup, soit le magma continuait sa route vers le nord et émergeait au delà du glacier, provoquant une éruption effusive de moindre importance, soit il s’arrêtait de progresser et l’activité sismique allait décroitre. C'est la seconde hypothèse qui s'est révélée être confirmée.
L'éruption démarra donc le 29 août et est toujours en cours. Entre le 30 décembre 2014 et le 15 Janvier 2015, le flot de lave est estimé à 100 m3 par seconde en moyenne. Au plus fort on atteignait les 1000 m3 par seconde, loin des débits du Laki en 1783, mais tout de même impressionnant si on le compare au débit moyen de l'Etna, volcan bien connu, qui crache en moyenne 1 à 2 m3 par seconde. De nombreux petits séismes sont mesurés chaque jour, témoin du mouvement souterrain du magma (environ 20 pour la journée du 29 Janvier, dont le plus fort à 20h33, Magnitude 4.3) et qui n'annonce pas un arrêt prochain de l'éruption. Depuis pratiquement le tout début de l'éruption, les géologues ont établi les trois scénarios les plus plausibles quant à la suite des événements :
1 - L'activité décroit doucement jusqu'à l'arrêt de l'éruption. Cela peut prendre plusieurs mois.
2 - La fissure éruptive se propage plus au sud, sous le glacier Dyngjujökull, provoquant une éruption explosive avec libération de cendres et un Jökulhlaup.
3 - La subsidence (affaissement) du cratère du Bárðabunga se poursuit et provoque une éruption majeure, avec des retombés de cendres importantes et un Jökulhlaup destructeur.
> Progression de la coulée de lave |
Conséquence sur l'atmosphère
Même si les quantités de lave font de cette éruption la plus importante d'Islande depuis le Laki, son débit modéré et sa faible explosivité n'ont pas eu beaucoup de conséquences pour l'Homme. Mais à son maximum, notamment en Novembre 2014, c'est près de 60 000 tonnes de SO₂ qui étaient rejetés chaque jour dans l’atmosphère, provoquant une dégradation de la qualité de l'air à l'est de l'Islande. Une partie du SO₂ a atteint la France, mais dans des proportions peu significatives.
Vous pouvez consulter la dispersion des gaz ici : http://en.vedur.is/weather/forecasts/gas-model/
Autres éruptions dans le système volcanique du Bárðabunga
Même si les quantités de lave font de cette éruption la plus importante d'Islande depuis le Laki, son débit modéré et sa faible explosivité n'ont pas eu beaucoup de conséquences pour l'Homme. Mais à son maximum, notamment en Novembre 2014, c'est près de 60 000 tonnes de SO₂ qui étaient rejetés chaque jour dans l’atmosphère, provoquant une dégradation de la qualité de l'air à l'est de l'Islande. Une partie du SO₂ a atteint la France, mais dans des proportions peu significatives.
Vous pouvez consulter la dispersion des gaz ici : http://en.vedur.is/weather/forecasts/gas-model/
> Projection d'un nuage peu épais au dessus de la fissure volcanique |
Par le passé, deux éruptions majeures dans le complexe du Bárðabunga sont à noter :
- L'éruption effusive la plus importante, celle de Þjórsá (-6800 avant JC) avait recouvert environ 900 km² par plus de 20 km3 de lave, plus importante éruption lavique de l'Holocène (plus fort que le Laki et ses 15 km3.
- Une éruption explosive dans la fissure du Veiðivötn, au nord du Landmannalaugar a projeté 10 km3 de Téphras affectant 50 % du territoire islandais en 1477.
Mais c'est environ 400 éruptions qui ont été découvertes, dont l'essentiel (87%) est de type basaltique explosive (phréato-magmatique) puis pour 10 % des cas, basaltique effusive et quelques rares éruptions associations d'un mélange entre basalte et un magma plus riche en silice.
N'hésitez pas à repasser, je mettrais à jour l'article en cas de changement important, où si la coulée de lave continue à bien s'étendre.
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Sources :
http://en.vedur.is/earthquakes-and-volcanism/articles/nr/2947
http://en.vedur.is/earthquakes-and-volcanism/articles/nr/2949
http://earthice.hi.is/bardarbunga_2014
http://en.vedur.is/media/jar/Bardarbunga_kafli20140825.pdf
- L'éruption effusive la plus importante, celle de Þjórsá (-6800 avant JC) avait recouvert environ 900 km² par plus de 20 km3 de lave, plus importante éruption lavique de l'Holocène (plus fort que le Laki et ses 15 km3.
- Une éruption explosive dans la fissure du Veiðivötn, au nord du Landmannalaugar a projeté 10 km3 de Téphras affectant 50 % du territoire islandais en 1477.
Mais c'est environ 400 éruptions qui ont été découvertes, dont l'essentiel (87%) est de type basaltique explosive (phréato-magmatique) puis pour 10 % des cas, basaltique effusive et quelques rares éruptions associations d'un mélange entre basalte et un magma plus riche en silice.
> Une petite dernière juste pour le plaisir. |
N'hésitez pas à repasser, je mettrais à jour l'article en cas de changement important, où si la coulée de lave continue à bien s'étendre.
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Sources :
http://en.vedur.is/earthquakes-and-volcanism/articles/nr/2947
http://en.vedur.is/earthquakes-and-volcanism/articles/nr/2949
http://earthice.hi.is/bardarbunga_2014
http://en.vedur.is/media/jar/Bardarbunga_kafli20140825.pdf
le Bárðabunga comme tu le dis est quand même le pire volcan du monde à l'heure actuelle. Sur les 4 plus grosses éruptions des temps historiques, il est responsable de la 1ère, et de la 4eme. La 4eme étant celle que tu décris.
RépondreSupprimerEt pour les 2 autres, ce sont 2 de ces voisins les responsables, une fois le Katla pour la TOP2 et une fois le grimsvotn pour l'éruption du Laki en TOP3.
C'est dommage qu'on ait pas plus d'information concernant celle en TOP1, elle a du être monstrueuse et avoir des répercussion mondiale sur le climat.
Effectivement, en terme d'épanchement de lave (coulée), l'Islande possède tous les records lors de l'holocène. Pour l'éruption du Þjórsá, on a des données quantitatives. Mais elle a eu lieu il y a trop longtemps pour connaitre l'impact que ça a pu avoir sur la faune et la flore de l'époque, contrairement à celle du Laki qui est l'une des mieux documentée.
SupprimerDu côté des volcans explosifs, c'est l'Indonésie qui tient la corde avec le Tambora et le Krakatoa, dont j'ai déjà parlé ici, mais également le Segara Anak dont les données sont encore trop parcellaires, mais qui fera l'objet d'un article... plus tard.