vendredi 9 janvier 2015

[Top 5 : Eruptions volcaniques majeures] Numéro 1...

... 1 - Lakagígar (Laki) - 1783


Laki
Éruption de 1783
Localisation Sud de l'Islande
Type d'éruption Effusif
Lave Basalte

Échelle VEI (/8) 4
Volume de Magma 15 Km3
Volume de Téphras 0.9 Km3

Bilan 10000 morts
Cause Gaz


Le Lakagígar n'est pas un volcan, mais une fissure de 27 km de long et composée d'une centaine de cratères (Lakagígar signifiant les cratères du Laki) qui ont libéré en 1783 une quantité considérable de lave, 12 à 15 Km3, ce qui en fait l'un des trois plus grands épanchements de lave de l'histoire humaine (époque holocène), les deux autres ayant eu lieu à Eldgjá (en 934 après JC) et Þjórsá (-6800 avant JC), tous deux situés... en Islande évidemment. Le point culminant de cette fissure est le Laki, dont on associe en général le nom à cet événement. 

Si cette éruption est moins importante, que ce soit en terme d'explosivité (évidemment puisqu'il s'agit d'une éruption effusive), de magma extrudé (deux à trois fois moins), ou de morts provoquées, par rapport au Tambora, elle détient son lot de records et a eu un impact beaucoup plus fort sur nos sociétés européennes, ce qui en fait l'une des plus fascinantes à étudier.

Une première courte phase de l'éruption eu un caractère explosif, classée d'une intensité de 4 sur l'échelle VEI expulsant 0.9 Km3 de téphras, soit un peu moins que l'éruption du Eyjafjöll, avant de prendre un caractère totalement effusif (VEI 0) par la suite. Mais c'est dans la quantité de lave émise que cette éruption prend un caractère exceptionnelle, une surface de 565 km2 étant recouverte de 15 Km3 de lave. 


 > Coulée du Laki recouverte par la mousse. "La vie trouve toujours son chemin" Dr Ian Malcolm

L'éruption en elle même, ayant eu lieu dans les hautes terres désertes d'Islande, n'a provoqué aucune victime directe. Mais en plus des immenses quantités de lave éjectée, l'éruption a entrainé la libération de gaz toxiques et de cendres. L'été 1783 est notamment connu comme l'été de sable, à cause des nuages de cendres retombant sur le Royaume Uni. On estime à 8 millions de tonnes la libération de Fluorure d'hydrogène, qui empoisonna la terre et provoqua la mort de 50 à 70 % du bétails élevés en Islande, entrainant une famine importante. C'est également pas moins de 120 millions de tonnes de dioxyde de sulfure qui furent dégager dans l'atmosphère se transformant en 250 millions de tonnes d'acide sulfurique (2,5 fois plus que pour le Tambora) formant un nuage recouvrant l'Europe et une partie de l'Amérique du nord, appelé Brouillard du Laki. Entre les famines et la toxicité du brouillard du Laki, cette éruption a provoqué en réalité plusieurs dizaines de milliers de morts, mais il est très difficile d'en donner un chiffre précis, n'ayant provoqué que des morts indirectes et n'étant pas le seul facteur entrant en jeu dans certaines d'entre elles. En Islande, environ 25 % de la population périe par empoisonnement ou de famine (environ 10 000 personnes). En France et en Angleterre, c'est une augmentation de 35 à 40 % de la mortalité qui a été constatée lors de l'été 1783.


> Graphique présentant le taux de surmortalité pendant l'été 1783 en France, par rapport à la mortalité moyenne de 1774-1789.

Nous remarquons ici, malgré le caractère effusif de cette éruption, que le dégazage dans l'atmosphère et donc les conséquences sur le climat furent plus important que pour le Tambora, bien que nous disposons de données moins fiable que pour la catastrophe indonésienne. Le brouillard du Laki entraina tout d'abord pendant l'été une hausse de la température, puis au contraire, la présence très importante d'aérosols (fines particules en suspension dans l'air) dans l'atmosphère provoqua un hiver particulièrement rude marqué par des gelées très importantes. Nous savons que ces importants dégazages dans la haute atmosphère peuvent entrainer des modifications sur plusieurs années du climat, même si il est ici difficile d'établir à quel point le Laki a été responsable des conditions climatiques extrêmes que subirent les européens (hiver très froid et périodes de sécheresses importantes) qui causèrent famines et épidémies, rendant la vie particulièrement difficile ces années là, jusqu'à la révolte des paysans français en 1789 !



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