jeudi 19 mars 2015

[Pensée] Amour et évolution.

Je réagis rapidement à une étude récente qui a fait couler beaucoup d'encre et qui placerait l'amour comme un mécanisme mis en place par l'évolution permettant à un couple de rester uni le temps du développement du bébé, jusqu'à ce qu'il puisse se passer de la protection du père, rendant l'amour utile et éphémère, loin de toute considération romantique. Le tout contrôlé par des facteurs génétiques qui pousseraient à l'infidélité, pour multiplier les couples et donc des descendances, favorisant la diversité génétique et ainsi permettre à l'espèce humaine une meilleure adaptation aux changements de son environnement.
 
Bien entendu, tous les défenseurs du romantisme et de l'amour pur, qui s'étaient déjà insurgés quand on évoquait l'influence des hormones sur la séduction, montent au créneau, critiquant l'étroitesse d'esprit des scientifiques qui limite l'amour à un phénomène biologique.

Et pourtant, cela dénote à mon sens une incapacité à s’émerveiller devant la nature, vouloir rechercher à toute forme de beauté une explication irrationnelle ou placer les valeurs humaines sur un piédestal. Oui l'amour est une chose magnifique, mais comprendre son origine ne la rend pas sale pour autant. 

De plus, l'infidélité n'est pas pour autant une fatalité. Déjà parce que si notre nature profonde nous pousse à certaines choses, notre conscience qui ne se limite pas au tout génétique peut réussir à aller contre nos pulsions (si on le souhaite, je ne juge personne...). Secundo - là encore ça vient d'une confusion qui oppose la nature et l'évolution à la société humaine - les valeurs de nos sociétés sont des facteurs sélectifs qui interviennent dans l'évolution de notre espèce, qui au contraire de ceux que pensent certains ne s'est pas arrêtée. Ainsi si notre société condamne (moralement ou pénalement) l'adultère et la polygamie (je ne place pas les deux aux mêmes niveaux), les personnes s'adonnant à ces pratiques peuvent être mal vues et ainsi avoir plus de mal à trouver un partenaire. Les facteurs génétiques prédisposant à ce genre de comportement, apportant alors un désavantage à la reproduction, ne se propageraient plus correctement et viendraient à s'éteindre. 

D'autant plus que dans nos sociétés humaines, le principal facteur sélectif est la société elle-même, et non pas les dangers de la nature (voir ses enfants dévorer par des lions n'est pas franchement la préoccupation majeure des parents actuels), une éducation dans un foyer stable peut donc être sur le long terme un facteur sélectionné favorisant la fidélité, ou pas, selon l'évolution de notre société et de la pression qu'elle exerce sur notre population.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire