dimanche 1 mars 2015

[Géologie/Biologie] 6 idées reçues à bannir pour briller en société

 Petit top 6 d'erreurs souvent entendues et qu'il est bon de venir corriger.


 6 -  Les champignons sont des végétaux.

Une erreur fréquente qui nous vient de la cuisine (vous verrez ce n'est pas la seule). Les champignons d'un point de vue culinaire sont souvent associés aux légumes, mais pas d'un point de vue biologique.
Ainsi la phylogénie (qui étudie les ressemblances entre espèces pour établir des parentés entre celles-ci) a établit qu'une partie des champignons appartenant au règne des Fungi (l'essentiel des champignons connus du grand public) font partie du groupe des Opistochontes (partagent ancestralement de la chitine comme macromolécule de structure et un flagelle propulseur en partie postérieur de la cellule) dans lequel on retrouve également les Chaono-organismes comme les animaux. Les champignons ont donc plus à voir avec les animaux qu'avec les végétaux.

Classification simplifiée des êtres vivants.
  
De plus, le terme champignon regroupe d'autres espèces (Oomycètes par exemple) qui ne font pas partie des Fungi et qui se classent à divers endroits de la classification, on dit que le groupe est polyphylétique et n'est donc pas acceptable en phylogénie (étude des parentés entre les espèces).
Il en va de même pour les poissons, les reptiles (il faudrait y inclure les oiseaux), les invertébrés, les végétaux (si on tente d'y inclure les algues)...

5 - La peste est transmise par les rats.

Rat (Rattus norvegicus)

J'adore les rats et je ne peux les laisser accuser de la plus grande épidémie que l'espèce humaine est connue. Lors de la peste noire, épidémie ayant décimé près de 50 % de la population européenne (les données sont moins nombreuses, mais les proportions doivent être similaire en Asie) soit 25 millions de personne entre 1347 et 1351, la maladie était provoquée par une bactérie, Yersinia pestis, capable d'infecter l'espèce humaine et de provoquer des complications très graves (pestes bubonique, pneumonique et septicémique). Ce sont des puces qui peuvent contenir cette bactérie et par morsure la transmettre à l'espèce humaine. Puces vivant sur les rats mais aussi d'autres rongeurs et lagomorphes (lapins).
Autre erreur à propos de la peste, il est bon de savoir que la peste noire n'est pas le nom d'un maladie mais de l'épidémie entre 1347 et 1351, tout comme on a nommé la peste de Justinien entre 541 et 767. Les noms de la maladies sont selon les cas : Peste bubonique, peste septicémique et peste pneumonique.

Photo de Yersinia pestis vu au microscope électronique à balayage (la barre noir correspond à 1 micron).

4 - Le Mont Blanc est le plus haut sommet d'Europe.

Le Mont Elbrouz, stratovolcan au sud de la Russie, dans le Caucase (5642m)
C'est flatteur de placer le toit de l'Europe en France, mais c'est un peu présomptueux. Les hauts sommets étant des structures géologiques (montagnes issues de la convergence entre deux plaques tectoniques ou volcans), il est bon de délimiter l'Europe selon ces critères géologiques et géographiques. L'Europe est donc bordée par des océans (Atlantique et Arctique) et des mers (Méditerranée, Noire...), sur terre, elle est séparée de l'Asie par des chaines de Montagnes témoins de l’existence dans le passé de plaques tectoniques distinctes qui sont entrées en collision. La chaine de l'Oural et celle du Caucase. Et justement dans le Caucase, un volcan, le Mont Elbrouz culmine à 5 642 m, soit près de 800m de plus que le Mont Blanc. Il s'agit donc du plus haut sommet de l'Europe et donc également le plus haut volcan.

Carte géologique de l'Europe, cliquez pour l'agrandir et repérer la position du Mt Elbrouz.



Allons plus loin ! Ces chaines de montagnes étant le témoin du rapprochement passé d'anciennes plaques tectoniques, elles en ont formé une unique, la plaque Eurasienne. Il faudrait donc plutôt parler de continent Eurasiatique et le plus haut sommet serait donc logiquement l'Everest (8 848 m). 

Face Nord de l'Everest by Luca Galuzzi (Lucag)
 3 - La tomate n'est pas un légume mais un fruit.

Une phrase que l'on entend souvent et qui fait son petit effet dans les repas entre amis, mais qui est fausse. Il faut séparer les définitions de fruits et de légumes selon leurs domaines d'utilisations.
En biologie, un fruit est un organe protégeant la graine. Selon cette définition, la tomate est un fruit. Toujours en biologie, un légume est le fruit (sisi) d'une famille de plante appelée légumineuses (les fabacées selon la nouvelle nomenclature).

Fruit (gousse) des fabacées.
En biologie, la tomate n'est donc pas un légume mais un fruit. (je me contredit ?) Mais partant de là, les haricots verts sont des fruits et des légumes, la pomme de terre n'est pas un légume mais un tubercule, la carotte une racine, la salade une feuille... Il n'y a donc pas de raison de sortir la tomate de la définition de légume et d'y laisser tant d'autres éléments tout aussi faux.
 
L'artichaut est une inflorescence (capitule) récoltée avant la floraison

En cuisine, les fruits sont des aliments végétaux, généralement sucrée. De cette définition est donc exclus les fruits biologiques non comestibles (capsule de la tulipe, samare de l'érable, akène de pissenlit...). On y rajoute également des organes qui ne sont pas des fruits d'un point de vue biologique mais qui peuvent en être en partie composée, comme la fraise, qui est un ensemble de fruits (des akènes, les petits points jaunes) insérés dans une chair rouge (un réceptacle floral modifié). Ou la pomme où le fruit biologique se limite au trognon.
En cuisine toujours, les légumes sont des parties comestibles de la plante qui entre dans la composition d'un plat salé. Cela peut être des racines (carotte), des tubercules (pommes de terres), des bulbes (oignons), des tiges (céleri), des fruits (haricots verts)... Ainsi selon cette définition, la tomate est bien un légume. A noter que la cuisine se permet plus de liberté que cette définition ne le laisse entendre. Ainsi des légumes peuvent entrer dans la composition de plat sucrée et les fruit dans des plats salés.
Bref, dans le langage commun, ce n'est pas une erreur de dire que la tomate est un légume et la fraise un fruit, alors n’hésitez pas !

2 - Le pingouin ne vole pas.

Une confusion toute bête qui vient d'un problème d’étymologie.

Bob, un manchot empereur (Aptenodytes forsteri)

Bob est un manchot, qui se dit penguin en anglais. Il ne vole pas et il en est fait référence dans les kinder penguin, la série d'animation Pingu, ou encore le pingouin dans Batman qui donc en réalité un manchot.

Alfred le pingouin (Alca torda)

Alfred, lui est un pingouin (auk en anglais), de la famille des Alcidae (comme le macareux ou le guillemot) et seul représentant vivant du genre Alca, et il vole très bien. La preuve en image.

Pour ne pas se tromper et être compris internationalement, chaque espèce est nommée par un nom de genre et d'espèce (nomenclature binomiale de Linné) : 
Le Pingouin se nomme Alca torda et le Manchot Royal (pour ne citer que lui) Aptenodytes patagonicus.


Pingu est un manchot.
 1 - L'homme descend du singe.

Une double erreur symptomatique de l'incompréhension du grand public vis-à-vis de la théorie de l'évolution.

Vision de l'évolution de l'espèce humaine
Cette phrase sous entend que l'homme, à l'origine un singe, c'est extrait, en évoluant, de ce groupe, pour donner quelque chose de nouveau (pour ne pas dire mieux, plus évolué, ou sommet de l'évolution et autres bêtises...). Non, l'homme fait partie du groupe des primates stricto-sensu et possède donc un certains nombres de caractéristiques propres à ce groupe (le pouce opposable, la présence d'ongle plat et la position des orbites). L'homme est un singe.
Deuxièmement, en observant les images qui découlent de cette erreur, on constate une autre confusion qui ferait des singes actuels nos ancêtres (très proche pour le bonobo, beaucoup plus éloigné pour le Tarsier). Là encore, pas du tout, nous partageons avec ces animaux un ancêtre commun, mais cet ancêtre commun n'est pas plus apparenté avec le Tarsier qu'avec l'Homme.

Classification des primates par H. Le Guyader et G. Lecointre
J'en profite pour corriger une erreur fréquente qui fait du bonobo (Pan paniscus) le plus proche parent de l'espèce humaine au détriment du chimpanzé (Pan troglodytes). Or, ces deux singes font partie du même groupe (le genre Pan) séparé de la ligne humaine vers 4.4 Millions d'années. Ces deux espèces ont donc connu 4.4 millions d'années d'évolution séparée de la branche humaine et sont donc aussi proches parentes de l'homme (Homo sapiens) l'une que l'autre. 

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